Une aventure Solidaire _

Un voyage au pays du sourire, une aventure à Double Sens _

Comme je vous le disais il y a quelques semaines, 2017 commence à peine et je n’arrive toujours pas à réaliser la chance que j’ai d’avoir pu participer, d’ores et déjà, à autant d’aventures extraordinaires, pleines de contrastes, au mois de Janvier. Celle que je vais vous raconter ici fera à coup sûr partie des épisodes les plus marquants de cette année tant sur le plan de la découverte culturelle que sur l’apprentissage humain qu’elle m’a apportés : un voyage solidaire au Cambodge.

Pour ceux qui me suivent depuis quelques temps, vous savez d’où je tiens mon dicton « architecte en balade » : j’ai la grande chance, grâce à mon activité de blogueur mais surtout grâce à vous qui suivez mes aventures, de visiter de nombreux pays. J’essaye toujours au maximum de vous emmener un peu avec moi à travers mes photos, mes articles. Habituellement, je tente de vous conseiller des lieux architecturaux à visiter, des bonnes adresses à tester, des points de vue remarquables à savourer, des couchers de soleil à ne pas louper. Cette fois-ci, je préfère vous raconter une expérience, une aventure, mon aventure et celle d’un groupe, d’un village. On dit que le voyage nous forme, nous construit. En tant qu’architecte, c’est d’autant plus vrai que le voyage nous offre une ouverture sur le monde nécessaire à la compréhension de l’Homme et de ses usages. Cette compréhension est nécessaire pour construire ce dont il a réellement besoin en se mettant au service d’un mode d’habiter et en oubliant un problème de plus en plus récurent chez les « archi-stars » : celui d’un « ego » surdimensionné, avec pour seule volonté de se montrer par de grands gestes. Les architectes ont bien souvent négligé que l’architecture trouve sa place dans la dimension des liens sociaux qu’elle crée. L’apprentissage que m’a apporté ce voyage, tant il fût incroyable, révèle de beaucoup que d’un simple voyage touristique, c’est une leçon de vie.

Avec Margot du blog YouMakeFashion (vous l’aurez compris, une de mes meilleures alliées pour voyager) nous avons pris part avec onze autres voyageurs à une aventure initiée par l’agence Double Sens.

Double Sens, c’est une agence dite de tourisme solidaire. Par « solidaire », il ne faut pas faire d’amalgame : « solidaire » n’est pas « humanitaire ». Voyager solidaire, c’est voyager intelligemment. En plus de respecter l’environnement en essayant d’avoir des gestes responsables, chaque voyage solidaire organisé par Double Sens intègre une mission de quelques jours pour réaliser un projet aidant au développement d’un village, d’une communauté.

C’est ainsi que dans notre voyage de deux semaines au pays du sourire, nous avons vécu une semaine chez l’habitant, à Koh Phdao, une ile du Mékong afin d’ épauler les habitants dans la réalisation, pour l’une des familles de la communauté, de cuves de récupération d’eaux de pluies.

Nous avons quitté Paris à treize : Gwen, notre coordinatrice Double Sens, Roxane, David, Jim, Ula, Laurent, Clémentine, Lucas, Widad, Aïcha, Caro, et Margot. Pour être certain de bien préparer notre voyage, nous nous étions tous rencontrés autour d’un verre, quelques semaines auparavant et l’alchimie avait déjà opéré : pas de doute, ce voyage allait être hyper chouette !

Après quelques heures de vol, nous avons rejoint Bangkok où nous attendait un bus qui allait nous emmener à la frontière cambodgienne afin d’entamer notre périple à Siem Rep.

Arrivés en fin de journée, nous sommes allés  rapidement nous reposer pour être en forme pour la journée de visite qui nous attendait le lendemain : la découverte des temples d’Angkor.

 
Le soir, après notre retour de cette journée qui nous en avait mis plein les yeux, nous sommes allés découvrir l’ambiance du centre-ville de Siem Rep en faisant un petit détour par un lieu charmant : un restaurant où l’on se délecte de mygales frites, de scorpions caramélisés ou encore de larves sautées. Vous aurez bien sûr compris mon ironie : ça n’a pas été une partie de plaisir de goûter à tout ça, mais manger un scorpion, c’est encore un défi relevé pour cette nouvelle année !

Nous nous sommes tous enivrés dans l’ambiance des rues de Siem Rep, rythmées par les néons et les sons sortant de toutes parts : déjà une sacrée ambiance pour un lundi soir ! Un jour de voyage et déjà un groupe qui s’entend à merveille malgré les basses assourdissantes qui s’échappent des différentes paillotes.

Une heure du matin, l’heure de rentrer ? Pas du tout, à Siem Rep, c’est massage à toute heure ! On se dirige alors vers un salon pour une remise en forme d’une trentaine de minutes. Des larmes de douleurs ont tout d’abord coulé sur mon visage quand ma masseuse s’est rendue compte que j’étais plein de nœuds, mais rapidement, l’experte a pris les problèmes à bras le corps et une demie heure plus tard, magie magie : plus aucune douleur !

Départ le lendemain pour Sen Monorom : 9h de bus ! Mais ça vaut le coup, sur la route, des paysages magnifiques défilent sous nos yeux. Sûrement d’autant plus magnifiques pour nous car exotiques, mais je suis déjà frappé par le rationalisme constructif des habitations : une structure sur pilotis en béton, surmontée par une structure en bois. Je découvrirai plus tard que les constructions se font en plusieurs temps, en fonction des revenus des habitants. On construit la structure primaire, que l’on vient habiller si les finances le permettent. A l’intérieur ? un plan libre : seul des rideaux tendus entre les poteaux font offices de parois. L’atmosphère qui se dégage de ces habitations est sécurisante, douce, apaisante. Rationnelle car tous les matériaux sont trouvés sur place, mais ce qui est le plus frappant c’est la modestie de cette architecture, chaque geste est pensé, chaque geste sert l’usage : un retour à l’essence de l’architecture. Je vais sûrement en perdre certains ici, mais me retrouver confronté à cette architecture primaire et vernaculaire m’a donné le sentiment de me retrouver plonger en plein cœur d’un de mes cours de théorie de l’architecture : ces maisons, ce sont « La Cabane Caraïbe » décrites par Semper pour démontrer ce que doit être l’habitat : un soubassement, un foyer central, un toit, des parois. L’architecture comme un lieu de protection où l’homme peut se réfugier, l’architecture au service de l’Homme, ici pas de doute, il est loin l’égo de l’architecte.  

Pour continuer de vous embêter à vous parler architecture : sur cette route interminable en bus, nous nous sommes arrêtés sur une estacade surprenante. Uniquement faite de bambou, c’est un pont qui est construit en 3 mois, que l’on laisse jusqu’à la montée des eaux, puis que l’on vient démonter pour enfin recommencer le processus l’année suivante. Encore une fois, une belle leçon à donner à ces architectes qui créent des ponts esthétiques et sculpturaux qui finissent par perdre leur fonction primaire : mettre en exergue ce qui est traversé en y appliquant une technique efficace.

En fin de journée nous arrivons enfin à Sen Monorom. Petit déj aux aurores car pour cette nouvelle journée nous allons nous balader dans la campagne cambodgienne, au sein d’une réserve où se trouve quelques éléphants qui ont été sauvés d’un tourisme se voulant trop prolifique. Evidemment, voyage solidaire ne rime pas avec balade à dos d’éléphant : c’est en liberté que nous rencontrons, au détour, d’un chemin trois pachydermes joueurs et gigantesques. Première surprise les mâles ont les défenses coupées. On nous explique que c’est pour leur bien, qu’ils n’ont pas souffert : après tout, les défenses restent pour eux deux énormes « ongles ». Mais pourquoi les leur couper ? Pour être certain d’éviter le braconnage : pas de défenses, pas de coup de fusils pour piller leurs précieuses cornes. Nous avons eu une chance inouïe, au moment de notre baignade dans la rivière, les éléphants se sont même joints à nous pour un moment de complicité simple et grandiose.

Après cette journée forte en émotion, nous sommes rentrés dans nos petites paillotes (faisant parties d’un complexe de tourisme responsable off course) pour recharger nos batteries pour la nouvelle journée de bus qui nous attendait le lendemain. Notre destination : Sambo, afin de rejoindre l’embarcadère où nous attendaient deux pirogues nous emmenant à Koh Phdao afin d’entamer notre mission.

Je vais tenter de vous expliquer au mieux en quoi ce projet consiste, mais si le sujet vous intéresse, je vous invite à vous rendre sur doublesens.fr pour être certain d’avoir toutes les infos nécessaires.

Depuis quelques années, Double Sens épaule, avec l’aide de l’ONG locale, la communauté de Koh Phdao dans la réalisation de mission améliorant leurs conditions de vie. Les principaux projets sont de plusieurs types : création de cuves de récupération d’eaux de pluies, poulailler, porcherie, sanitaire, potager.

Pour chaque mission, c’est une famille qui bénéficie de ce soutient. Elle s’est préalablement engagée à faire partie d’une communauté de plusieurs familles respectant les mêmes gestes responsables et écologiques sur l’île. Ensuite, la famille est choisie en fonction de la priorité de ses besoins.

La famille avec laquelle nous avons réalisé notre mission était composée des deux parents et de trois enfants. Jusqu’alors, ils récupéraient de manière sommaire l’eau de pluie. Le projet a donc été de réaliser deux cuves améliorant un peu leur quotidien. C’est là que le solidaire ce différencie de l’humanitaire. Ici, on épaule, on ne sauve pas. On participe, on ne prend pas en main. C’est avec les parents de cette famille que nous avons œuvré.

Pendant les six jours où nous sommes restés sur l’île nous avons séjourné par groupe de trois ou quatre dans des familles faisant partie de la communauté et qui avaient déjà bénéficié de l’aide de la communauté.

Mieux vaut ne pas être douillet pour ce genre d’aventure, même si je dois avouer que j’ai adoré mon petit « cocon » : une grande moustiquaire tendue à la charpente, séparée de l’espace central par des rideaux, faisant office de chambre.

La douche ? Elle se fait à quelques mètres des cochons, des poules et des rizières. Une belle manière de nous remettre les pieds sur terre en savourant chaque seconde avec notre famille avec pour seul moyen de communication, des sourires !

Je vais vous éviter un cours de construction détaillé en vous donnant sommairement les grandes lignes de la réalisation des cuves : première étape :  fabriquer du béton (sable + cailloux + ciment). Deuxième étape : couler le béton dans des coffrages (ici évidemment de la forme d’une cuve).

Troisième étape : retirer les coffrages, assembler les différentes pièces, enduire le tout d’une couche de ciment et hop, deux belles cuves prêtes à l’emploi.

Sur cette l’île, nous avons découvert la simplicité, la joie de vivre malgré des conditions qui nous paraissent, pour nous occidentaux nous pavoisant dans notre confort, bien modestes. En vérité, elles le sont belles et biens, mais les habitants ne se plaignent jamais, au contraire, ils remercient, toujours.

Ce qui m’a le plus marqué sur cette île, ce sont les sourires des enfants, leur énergie et leur volonté d’apprendre : une véritable leçon de vie. L’un de mes meilleurs moments a été une après-midi passée avec Margot et une quinzaine d’enfants à jouer, apprendre quelques mots en Khmer, crier, chanter et danser.

Six jours qu’il est difficile de retranscrire ici, mais qui ont définitivement soudé notre groupe de voyageurs autour de tous les repas que nous prenions ensemble ou des cours de Khmer que nous donnait chaque jour Vibol, notre merveilleux guide pendant tout notre séjour.

Une fois notre mission terminée, nous avons regagné le continent et repris le bus.  15h de route plus tard et une heure de bateau, nous sommes arrivés sur l’île paradisiaque de Koh Rong. Le contraste fut un peu brutal, mais le paysage était extraordinaire.

Il est difficile de conclure un voyage comme celui-là tant il marque et probablement si nous nous croisons un jour, je vous en parlerai des heures. Alors je crois qu’à part vous conseiller, si vous le pouvez : expérimenter ça vous-même (Double Sens propose plein d’autres destinations), je terminerai comme l’a fait notre famille d’accueil : merci. Merci à Double Sens, merci à Gwen, merci à ce groupe de voyageurs dinguissimes, merci à tous ces cambodgiens qui ont croisé notre route, merci à Vibol, merci.

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5 réflexions sur « Une aventure Solidaire _ »

  1. Hey

    Tes impressions de voyage me font penser aux miennes. Meme si mon voyage etait different sous quelques angles.

    Je suis partie en Thailande. Je parraine une petite fille la bas avec une petite association. Je suis donc allee a sa rencontre, apres deux ans de parrainage. Je me suis rendue dans son village , dans les montagnes au Nord. Nous avons vecu dans les conditions de ces villages : pas d’eau. Pas d’electricité. Une semaine un peu rude loin de notre confort habituel. Nous etions que deux, mon mari et moi.

    On a vecu donc une semaine la bas. On a participé à certaines actions de l’association comme les distributions alimentaires et hygiene de chaque debut de mois. Un plaisir immense de rencontrer les familles que l’on voit chaque mois en photos. On reconnait les enfants parrainés par nos amis parrains. Les enfants sont ravis de pouvoir jouer avec nous. Et leur yeux quand nous arrivons les bras chargés de cadeaux pour tout le village… Que dire..

    C’est une aventure que je n’oublierais jamais. J’ai découvert des paysages magiques. Et des gens merveilleux. On ne parlait pas la langue et pourtant nous avons partagé tellement… J’ai hate d’y retourner.

    La rencontre avec ma filleule reste mon meilleur souvenir. Cette petite frimousse que j’ai vu grandir et qui etait tellement heureuse de nous voir et nous recevoir.

    C’est un monde à part et j’ai eu beaucoup de mal en rentrant en France. Je me suis pris une grosse claque la-bas. Un souvenir inoubliable. Comme toi. Quand je commence sur le sujet. On ne m’arrete plus.

    C’est un tres bel article. Merci.

  2. Merci pour cet article plein de belles images et de belles paroles ! C’est une super aventure et ça donne envie. Dommage que l’agence ne propose pas des voyages pour les petits budgets…

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