Svalbard, un voyage dans la nuit _

 

Longyearbyen est, dit-on, la dernière ville avant la fin du monde. Située sur l’archipel norvégien de Svalbard, la nuit n’y tombe jamais en été et le soleil ne s’y lève pas en Hiver. Avant de faire ce voyage, j’étais très curieux et très impatient de comprendre pourquoi certaines personnes faisaient le choix de ne jamais voir le jour pendant plusieurs mois. Car oui, vivre sur cette île, c’est un choix, on ne reste que si on le décide.

Avec Margot, du blog You Make Fashion, que vous commencez à connaître au travers de plusieurs voyages que l’on a fait ensemble, nous avons décidé de faire ce périple en Janvier, à un moment où la pénombre règne en continue.

Pour se rendre à Longyearbyen depuis Paris, un seul moyen : Paris/Oslo, Oslo/Longyearbyen. Oui, aller au bout du monde, ça se mérite, mais le voyage reste assez court lorsque l’on sait ce qui nous attend.

Partis le jeudi soir de Paris, on est arrivé le vendredi midi à destination. On s’est directement mis dans l’ambiance : nuit noire et profonde autour de nous et températures négatives. Après un déjeuner à l’hôtel du restaurant où nous avons choisi de séjourner (le Radisson Blu Polar), on n’a pas vraiment eu le temps de réaliser où nous étions réellement. En tenue pour affronter le grand froid (je vous fais un article bientôt avec les essentiels à emmener avec vous), on s’est rendu au pied d’une montagne avec une guide et son chien, un magnifique Huskie Sibérien. Ce qui nous attendait ? Une ascension de 3h pour accéder à une grotte de glace se situant sous le glacier.

Sans lumière, plongés dans la nuit, seul avec soit même pendant plus de trois heures, le ton était donné : ce voyage allait être magique et mystique. Une fois arrivés au sommet de la montagne, on a déchaussé nos raquettes pour enfiler nos crampons afin de nous engouffrer sous la glace. Vous ne le saviez pas encore et vous l’avez sûrement découvert sur mon Instagram, mais je suis très claustrophobe. Autant vous dire que c’était un réel défi pour moi ! Mais être au bout du monde, plongé dans la nuit, je me sentais d’attaque pour commencer cette nouvelle année en affrontant cette peur.

L’intérieur de la grotte de glace était magnifique, témoignant des centaines de milliers d’années qu’ils avaient fallues pour que se forme cette cave. C’est assez difficile de vous retranscrire les sensations que nous avons eues (sûrement encore plus les miennes : j’ai eu pas mal de sueurs froides en passant dans des passages vraiment très étroits) mais peut-être que les photos seront un meilleur moyen de partager ça avec vous.

Une fois sortis de la cave, nous avons entamé la descente vers la ville dans des conditions un peu difficiles, une petite tempête de neige au rendez-vous. On était plutôt ravis des choix d’équipement que nous avions faits, Margot et moi, parce qu’à part le bout du nez gelé, on a été très impressionnés de ne subir le froid nulle part d’autre.

Une fois redescendus, après être partis pendant plus de 5h, on a été se réchauffer au Coal Miner’s Bar & Grill où on s’est remis de nos émotions devant un burger, une bière locale à la main. A côté du restaurant, on a été ensuite visiter une permaculture polaire. Evidemment, comme il n’y pas de soleil pendant plusieurs mois et que les températures ne permettent pas de cultiver en extérieur, c’est dans une « green house » que deux amis se sont lancés le défi de cultiver des plantes, fruits ou légumes. Leur défi ? Permettre, à terme, de pouvoir couvrir les besoins des restaurants de la ville.

Le lendemain matin, réveil aux aurores pour aller faire un tour dans un « maxi taxi », un bus faisant le tour des environs, bercés par les anecdotes du chauffeur qui nous a raconté toute l’histoire de cette ville d’environ 2000 habitants. Encore un peu perturbés par le fait de se lever dans cette nuit noire, c’est dans cette même obscurité que l’on en appris plus sur la création de Longyearbyen ou que l’on a croisé des rênes arctiques se baladant tranquillement entre les habitations. Le tour a duré environ 2h et nous a permis de découvrir des lieux uniques, comme la réserve mondiale de semences du Svalbard par exemple, une chambre souterraine destinée à conserver dans un lieu sécurisé des graines de toutes les cultures vivrières de la planète afin de préserver la diversité génétique. Seule une poignée d’habitants triés sur le volet à le droit, chaque année, de rentrer l’espace d’un moment pour découvrir cette mine d’or génétique.

Après ce tour, une pause pour visiter le Svalbard Museum et un déjeuner chez Rabalder café & Bakeri, on a remis nos tenues « grands froids » pour aller vivre une expérience qu’on attendait tous les deux impatiemment : une ballade de 3h en chien de traineau !

On a d’abord fait un stop avec notre guide dans les locaux de Svalbard Husky, afin de nous équiper davantage : gants spéciaux, combinaisons intégrales, chapkas et chaussures très résistantes. (Visiblement, Margot et moi avions fait le bon choix en investissant dans des chaussures Sorel, on n’a pas eu à en emprunter d’autres).

Une fois bien équipés, nous sommes arrivés à l’endroit où nous allions démarrer la balade : le paradis pour les amoureux des huskies sibérien. Je le confesse, j’ai instantanément craqué pour cette race hyper attachante. Ce qui fut génial dans cette activité c’est que nous n’étions pas uniquement consommateur de cette balade, c’est nous qui avons préparé notre traineau après avoir créé un lien avec les chiens en jouant avec eux. Ce qui a surement rendu cette balade d’autant plus incroyable, nous étions acteur d’un bout à l’autre de l’expérience puisque c’est nous aussi qui étions aux rênes du traineau !

Après ce moment indescriptible, on a diné dans un restaurant très chouette, le Polfareren. L’occasion pour moi de goûter du carpaccio de baleine et de déguster à nouveau du renne (j’en avais déjà manger en Laponie).

Pour le dernier jour, encore une activité extraordinaire nous attendait : une expédition de 5h en moto neige. C’était la première fois que j’en conduisais une. Au départ ça n’a pas été des plus évident, surtout lorsque l’on n’y voit pas grand-chose. Mais le spectacle majestueux à vite repris le dessus. C’était absolument incroyable d’être dans ces immenses plaines de glace, ne pouvant pourtant parfois que les imaginer. Ce jour-là, on a eu beaucoup de chance : il faisait « beau ». Des nouvelles perceptions de la nuit à vrai dire se sont offertes à nous : à un moment, l’obscurité devient notre repaire et l’on s’adapte à cette situation, découvrant une nouvelle manière de regarder ce qui nous entoure.  

Au bout de 40km en moto neige, nous nous sommes arrêtés pour une pause lunch dans la vallée d’Eskerdalen, où se trouve l’une des plus haute cascade gelée de Svalbard. C’était un spectacle saisissant digne d’un film de science-fiction et je crois que l’on n’a toujours pas réalisé ce que nous avons vécu. Il nous faudra certainement plusieurs semaines pour nous rendre compte que nous étions perdus dans la nuit à l’autre bout de la planète.

Vers 19h, on s’est mis en route pour une soirée « aurores boréales ». Longyearbyen est considérée comme un des lieux les plus propices pour leur observation. Coup de bol pour cette dernière soirée, nous avions en plus de ça la météo de notre côté et donc les meilleures conditions possibles.

Nous avons pris un bus qui nous a amené dans un chalet chaleureux pour un dîner à « l’ancienne », style pot au feu. Pendant le repas, on est sorti à quelques reprises pour tenter de voir si de la lumière verte illuminée le ciel et finalement ce qu’on attendait arriva : une magnifique aurore boréale a animé le ciel. Comme vous pouvez l’imaginer, être dans le noir pendant plusieurs jours nous a surement permis de profiter d’autant plus de ce spectacle fantastique : le ciel s’est mis à jouer devant nous et des nuages verts, violets se sont mis à danser sous nos yeux ébahis. Incroyable !

C’est sur cette magnifique note que c’est terminé notre voyage. Alors qu’au début du voyage, notre rêve le plus grand était de voir des aurores boréales, nous avons finalement savouré tous les jours comme des moments magiques, uniques, fantastiques et ils seraient impossible aujourd’hui de vous donner un ordre de préférence. Chaque minute reste gravée en moi tant nous étions plongés dans un monde irréel, celui de la nuit permanente. A Longyearbyen, il n’y a plus d’espace-temps, il n’y que la nature, la nuit, les gens. Les gens, c’est surement ce qui a fait qu’on est définitivement tombé amoureux de cette destination. Un soir, nous sommes allés boire un verre dans les bars les plus typiques de la ville et somme partis à la rencontre d’habitants. Ils ont véritablement su nous convaincre que Svalbard était un territoire fascinant. Ouverts, parlant de leur ile comme d’un joyau, donnant à la nuit une profondeur que nous n’avions pas encore perçue, leur enthousiasme était si fort que l’énergie qui émanait d’eux nous a donné envie de rester à Longyearbyen une semaine, un mois, une année de plus, afin d’expérimenter nous aussi la vie dans l’obscurité jusqu’au retour d’un soleil présent continuellement.

Ce qui pouvait nous faire peur au début, être continuellement plongé dans ce noir, ne plus avoir de repère, être confrontés à certaines de nos peurs, c’est avéré être une expérience fabuleuse dont on se souviendra toute notre vie. Nous étions un peu dubitatifs au début de notre voyage sur l’excitation que pouvez avoir les gens que nous croisions à vivre ici. Deux jours plus tard, nous étions prêts à signer : nous retrouver dans le noir nous a surement permis de puiser d’autres forces en nous, une envie de créer du lien, une connexion avec notre environnement, une place dans cette immensité sombre. La nuit nous a permis de savourer chaque seconde. Cette soirée à la rencontre des habitants qui construisent Longyearbyen m’a permis de me rendre compte que c’était au bout du monde et dans le noir le plus complet que j’avais découvert une ville où les gens étaient heureux de vivre ensemble, ouverts aux autres et respectueux de la nature les entourant. A Longyearbyen, il n’y a pas de religions, pas de nationalités, pas de sexes, il n’y a que des Hommes et des Femmes qui ont choisi, que dans l’obscurité, c’est d’eux qu’emmènerait la lumière.  

Infos pratiques :

Pour retrouver toutes les infos concernant notre voyage, rendez-vous sur le site www.visitsvalbard.com/.

L’ascension et la grotte de glace : www.wildlife.no

Maxi Taxi : www.taxiguiden.no/

Musée : www.svalbardmuseum.no

Chien de Traineau : www.svalbardhusky.no

Moto neige : www.Svalbardbooking.com

Aurore Boréale : www.hurtigrutensvalbard.com

 

Restaurants & Hôtels :

Le Gardermoen Airport Hotel www.gardermoen-airporthotel.no/ (entre deux vols)

Le Radisson : https://www.radissonblu.com/en/hotel-spitsbergen

Coal Miner’s Bar & Gril : www.spitsbergentravel.com/start/food/coal-miners-bar-grill/

Rabalder café & Bakeri : www.spitsbergentravel.com/start/food/rabalder-kulturkafe/

Polfareren : www.visitsvalbard.com/?id=1660874746

Karlsberger Pub : www.visitsvalbard.com/en/Karlsberger-Pub

 

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2 réflexions sur « Svalbard, un voyage dans la nuit _ »

  1. Malgré un âge  » moyen » ( 37 ans ) , je ne suis l’heureux utilisateur d’Internet que depuis un an … Et, j’ai honte de le dire, J’ai découvert l’existence de l’archipel du Svalbard il y a deux ans. Bien sûr, j’en suis tombé amoureux aussi sec. Etonnant, n’est-ce pas ?? En m’y intéressant, mes recherches et découvertes ont transformées cet amour en fascination! Et ce n’est pas cet excellent  » reportage  » qui va arranger les choses !!! Un grand merci pour nous avoir fait partager ce fabuleux voyage , ou , devrais-je dire , cette fabuleuse expérience ! Romain, tu a eu l’opportunité de vivre une parenthèse inoubliable ! Tes photos et ton talent d’écriture nous ont fait voyager, d’une part , dans le confin de tes émotions et ressentis les plus sincères , et bien sûr , dans ce bout de terre ensorcelant, magique, brut et vrai , perdu sur notre si vaste et si petite planète en grande souffrance … Un grand merci !!

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