Après la honte, le courage. Après la honte, la fierté _

Après la honte, le courage. Après la honte, la fierté _

Hier, on m’a raconté une histoire. J’ai écouté, attentivement. Hier, on m’a montré une blessure. J’ai eu mal, profondément. Hier, on m’a pris la main. J’ai pleuré, énormément.

Avec cette histoire, son histoire, j’ai découvert un jeune garçon, blessé aussi loin que l’on peut être blessé, humilié aussi loin que l’on peut être humilié, rejeté aussi fort que l’on peut être rejeté. J’ai découvert ce que c’était la peur, la vraie. La peur de l’autre, la peur qui vous glace le sang, celle qui pousse les autres à des actes effroyables. 

Hier, on m’a raconté ce que ça pouvait être aussi l’homosexualité. 

Du courage plein le ventre, une envie de ne plus leur mentir, de ne plus se mentir, une volonté d’assumer quelque chose qu’il n’avait pas choisi, il en aura fallu de la force à ce jeune homme pour rester droit et soutenir le regard de ses parents quand il leur annonça : « Papa, Maman : je suis moi. »

Son père aussi en a eu de la force quand il l’attrapa par le bras, brutalement. Quand il le jeta dehors, rapidement. Quand il le raya de sa vie, définitivement. 

L’homophobie, elle se vit tous les jours, partout, tout le temps. Parfois, elle relève de l’ordinaire, du banal, du « bah quoi? ». Parfois, elle s’immisce dans une conversation sans crier gare, jette un regard lourd, accusateur. Parfois, elle s’empare d’une famille, la contamine jusqu’à la moelle, la mène jusqu’à renier la chair de sa chair :  » mon fils pédé ? Ma fille goudou ? Pas de ça chez moi ! Tu reviendras quand tu seras soigné(e) ». 
Mais la vraie maladie, c’est cette putain d’homophobie. Celle qui te rend pitoyable quand tu la choppes. Qui te fait délirer, te rend grossier, violent, intolérant. 

Est-ce que tu t’es déjà fait insulter dans la rue parce que tu tenais la main de quelqu’un ? Moi, oui.
Est-ce que tu as déjà senti des regards violents posés sur toi, justement parce que tu étais toi ? Moi, oui.
Est-ce que tu aurais souvent préféré mourir plutôt que de continuer à avancer ? Moi, oui.
Est-ce que tu t’es trop souvent dit que finalement la mort c’était peut-être ça, la seule solution et que beaucoup trop de jeunes homos y avaient déjà pensé, à se tuer ? Moi… oui.

L’homophobie, cette maladie qui tue à petit feu ceux qui s’y retrouvent confrontés. Cette crève que beaucoup choppent sans s’en rendre compte et qu’ils disséminent à coup de petites réflexions « anodines » faisant bien plus de dommages qu’ils ne le soupçonneront jamais. L’homophobie : cette vraie maladie à combattre.

Pendant longtemps je me suis demandé ce que je pouvais faire du rôle que vous me donniez, vous, lecteurs de mon blog ou abonnés de mon Instagram. De ce pouvoir immense que vous me mettiez entre les mains, en me suivant quotidiennement et qui fait que grâce à vous, on me qualifie aujourd’hui d’influenceur. Cette pseudo « influence », j’ai décidé de m’en saisir pour dire à ceux qui ont eu peur qu’ils ne sont pas seuls, à ceux qui ont été blessés qu’ils pourront toujours trouver refuge, mais aussi pour assurer à ceux qui la ressentent, qu’après la honte vient le courage ! 

« Il en faut du courage pour ne pas tricher avec soi-même. » Catherine Jacob dans Baisers cachés

Après la publication de mon premier article sur la difficulté de faire son coming out pour un(e) jeune homosexuel(le), j’ai été touché par vos témoignages de soutien, par vos prises de consciences ou simplement par vos remerciements. Ces mercis pour mes quelques mots m’ont ému, vraiment. Ils m’ont rendu fier, très fier. Fier que ce « pouvoir » que vous me mettiez entre les mains puisse aussi servir à ça : à vous aider à comprendre, à avancer ou juste à vous sentir soutenus. 

Parce que l’homosexualité n’est pas une doctrine, une philosophie, un choix de vie, parce que l’homophobie tue tous les jours ici ou ailleurs, il est important de se rappeler « qu’un papa, une maman » on s’en fout finalement tant qu’ils aiment et protègent leurs enfants.

Où sont-ils tous ceux qui s’insurgeaient du bien-être des enfants qui évolueraient dans une famille homoparentale ? Où sont-ils ceux qui combattaient avec acharnement la transformation des modèles familiaux plaçant l’enfant au cœur de tous débats ? Ceux qui marchaient pour m’empêcher d’avoir un jour de l’amour et de la bienveillance à donner à un enfant ? S’insurgent-ils aussi des « un papa, une maman » qui mettent à la rue leurs enfants, homo ? Manifestent-ils pour empêcher ces parents d’être touchés par cette merde d’homophobie ? Essayent-ils par tous les moyens d’empêcher tous ces malades de continuer à avoir des enfants ? 

Le combat contre l’homophobie est un combat qui est loin d’être gagné. Certains individus sont malheureusement en phase terminale de cette terrible maladie et n’auront pas la chance de connaître une rémission, mais pour tous ceux qui ont encore une chance de s’en sortir, battons-nous ! Battons-nous pour qu’ils guérissent, qu’ils s’assagissent, qu’ils comprennent…  

Aujourd’hui j’aimerais que tous les jeunes qui m’ont écrit pour me raconter leurs histoires difficiles prennent conscience qu’être gay n’a rien de honteux, au contraire, ils peuvent y trouver de la fierté. J’ai moi-même pris un jour conscience de ça, que l’homosexualité pouvait devenir une force, une chance. Chance de pouvoir devenir un adulte plus fort, plus courageux, plus tolérant, car les épreuves, les situations qu’elles poussent à traverser en nécessitent, du courage. C’est aussi de ça dont il faut être fier.  

Peut-être que c’est pour ça que l’on marche d’ailleurs. En fait, je crois que c’est pour ça ! Pour dire que l’on est fier. On m’a souvent demandé si je ne trouvais pas que la Gay Pride stigmatisait les homosexuels. Ma réponse est évidente : non ! Pendant longtemps j’avais honte de cet événement. Je ne voulais surtout pas y mettre les pieds, y être associé, prendre le risque que l’on m’y voit. Un jour j’ai assumé ce « fardo » que j’avais eu à la naissance, ce jour-là, moi aussi j’ai été fier. Fier de pouvoir crier haut et fort : « Je suis gay, je ne suis pas seul et je ne vais plus me cacher ! Je vais danser, courir, chanter jusqu’à ce que cette marche n’ait plus lieu d’être. Jusqu’à ce que l’on comprenne et accepte ma normalité. Que l’on ne me demande plus de changer, que plus jamais, personne n’ait à se cacher. Que plus jamais ce foutu sentiment de honte pousse des jeunes à se tuer. Que plus jamais, avant le courage et la fierté, la honte ne pointe le bout de son nez ».

R _


Pour parler, se confier ou agir :
SOS Homophobie (Association nationale de lutte contre la lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie) : ICI
Le Refuge (association venant en aide aux jeunes rejetés par leur famille) mais également aux victimes d’homophobie ou de transphobie : ICI

Un film à voir pour comprendre et expliquer (et aussi un peu pleurer) : Baisers Cachés (disponible sur netflilx)

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19 réflexions sur « Après la honte, le courage. Après la honte, la fierté _ »

  1. Je trouve génial que tu « utilises » ton influence pour parler de ce sujet ! C’est une belle initiative et j’espère que tu feras changer les mentalités mais également que tu donneras du courage à ceux qui craignent le regard et les gestes des homophobes.
    La #teamcucu de tout coeur avec toi dans ce combat contre la bêtise et la méchanceté!

  2. Je te suis sur instagram depuis un moment mais je n’avais jamais pris la peine d’aller lire ton blog. Chose faite à présent et quelle agréable surprise. Tu as une très belle plume et tes mots sont si bien choisis. Quand au sujet abordé, il m’a emu. Je ne pensais pas, à vrai dire, qu’autant d’homophobie pouvait encore subsister aujourd’hui. C’est triste mais comme tu le dis il n’est pas trop tard pour tous ceux atteint par cette maladie d’essayer de comprendre ou du moins d’accepter l’autre simplement. On oublie quand même le plus important dans tout ca… gay, hetero, bi… on s’en fout ! Juste des êtres humains ❤️

  3. Comme d’habitude, tes mots sont beaux, touchants. Ce « pouvoir » dont tu parles, eh bien je suis fière de pouvoir (moi ainsi que des milliers d’autres personnes) te l’offrir. Parce que tu en fais bon usage. Parce que tu l’utilises pour partager et aider les autres. Parce qu’on en a besoin, aujourd’hui et tous les jours. Non, il n’y a rien de honteux à être « différent », pour moi être différent des autres c’est la meilleure chose que l’on puisse être. Et puis ce terme, « différent », ça veut dire quoi? Rien du tout. Parce que la « normalité », ça n’existe pas. Ça ne pose pas de caractéristiques spécifiques, être normal ça veut dire être blond, brun, roux? Ça veut dire avoir des cheveux courts, être grand?
    Le plus important, comme tu l’as très justement dit, c’est qu’un enfant soit aimé. Un enfant qui est aimé, et qui le sait, sera heureux, peu importe qu’il ait deux papas, deux mamans, un papa, une maman. Tant qu’il/elle est entouré(e), c’est tout ce qui compte. Soyez fiers de vous. ❤️

  4. Bonjour Romain,

    J’ai découvert l’homosexualité de ma grande soeur il y a environ 8 ans (en fouillant dans son téléphone haaaan pas bien, je sais haha). J’ai toujours été fière d’elle et peux m’importe qu’elle soit homosexuelle, bisexuelle, hétérosexuelle, transsexuelle, transgenre. Je crois que le principal c’est surtout d’être heureux dans sa vie, en homme, en femme, avec un homme ou avec une femme. Si tu es heureux avec un homme, tu n’as absolument pas à avoir honte. Je sais que ce n’est pas facile de faire son coming out… il faut faire changer les mentalités et le regard de la société sur l’homosexualité. Quand je parle de ma soeur, je dis « ma soeur et sa copine », sans honte et avec fierté, et ceux qui auront le malheur d’être contre cette homosexualité, dégageront de ma vie.
    Sois fière de toi, fière de ce que tu es, et le plus important, sois HEUREUX !!!!!!!!!!
    Prends soin de toi, et à tout ceux qui n’ont pas encore fait leurs coming out, FORCE & AMOUR, vous y arriverez ❤️.
    Ce sujet me tiens à coeur, j’ai passé les entretiens au Refuge pour mon stage de formation d’educatrice spécialisée, je trouve tellement ça ignoble de renier ses enfants car ils sont homosexuels, ou transsexuels.
    Force et courage Romain, et j’espère te rencontrer un jour pour te donner toute ma force

  5. Tes mots sont magiques! Je suis aujourd’hui hétérosexuelle (ouais on sait jamais hein) mais je ne comprendrai jamais cet haine de l’autre basée sur une façon d’aimer. Je crois en l’humanité. Quand je vois une personne, je ne vois pas un noir, un chinois, un homme, une femme, un homo, un trans, … Non. Je vois un être humain qui a une histoire, des émotions, un futur. Et ça me blesse tellement de voir autant de haine dans ce monde… Comment l’amour peut-il engendrer la haine?
    Bref.
    Je m’y perd.
    Et il y a de quoi…
    En tous cas, tu as des mots sublimes qui touchent en plein cœur. Tu es vrai et ça fait du bien de te lire.
    Bravo et merci d’écrire.

  6. Bon, je vais pas y aller par 4 chemins, je suis ton blog depuis quelques mois et si un jour on m’avais dis que j’allais pleurer en lisant un de tes articles, j’aurais trouvé cela étrange. Ce que j’ai lu m’a terriblement ému, alors que je ne suis pas vraiment concernée. À vrai dire, dans mon collège, quand beaucoup de jeunes garçons sont timides, on les traites de pédales, d’homos, de tafioles. J’ai un ami, homosexuel renié par sa famille, et c’est terrible à voir. Parce que même si je ne le suis pas, ca me consterne de voir à quel point les choses n’évoluent pas et que ça ne choque personne. Je trouve ça monstrueux de vouloir tuer quelqu’un juste parce qu’il aime une personne du même sexe que lui. Le jour où j’ai entendu une fille dire à un garçon :  » De toute façon c’est qu’un pédé. « , oui j’ai eu mal.
    Mais s’il y a bien une chose pour faire du tort a ces gens, ces homophobes, c’est leur prouver qu’on peut passer au dessus de tout ça. Alors oui, quand j’ai vu ton article, qui est tellement positif, par rapport à ce que tu as vécus, j’en ai chialé de bonheur. Donc merci, merci vraiment. Merci de redonner de l’espoir à une adolescente de 14 ans qui a besoin de savoir qu’elle n’est pas seule à lutter contre ses violences. Merci Romain

  7. Quel bel article Romain ! Ces mots que tu poses sur cette « maladie » qu’est l’homophobie sont juste et clairs. J’ai moi même quelques amis gay qui ont eu la chance comme toi d’être acceptés par leur famille. Et c’est quelque chose qui devrait être normal. Pas si simple pour tout le monde apparement…

    Bises,
    Clémence

    http://www.lyonaisementvotre.com

  8. C est très important de parler de l homophobie car malheureusement c est un fléau qui est toujours présent dans tout les pays y compris les pays développés. Merci à toi de prendre du temps pour discuter et de partager avec des fans et les lecteurs de ton blog. Je voudrais juste rappeler qu il est important de cesser les remarques envers quelqu un qui vit sa vie différemment de la notre… surtout pour les jeunes qui apprennent à se construire parce que souvent ils perdent confiance… alors continuons ce combat pour la future génération svp , c est pour le bien de tous. Je vous souhaite une bonne journée 🙂

  9. Romain,
    Je pouvais te répondre un roman, te dire ce que j’ai trouvé génial dans ton article, quel propos est transposable à ma vie, à quel point j’ai été touché par tes mots… J’aurais pu mais ça commencait à faire beaucoup de lignes. Je dirai simplement : bravo, c’est juste beau ce que tu as écris ! Merci

  10. Cucu Romain,

    Je suis nouvelle et je viens de découvrir ton blog. Il est juste génial, mêlant architecture mais aussi plein d’autres choses tu nous fait découvrir tes passions.
    Je trouve vraiment super que tu utilises ton influence pour parler de sujet aussi sensible à l’heure d’aujourd’hui. Il n’y a pas beaucoup de personne qui fond cela.
    Ps: Sa serait bien que tu nous fasse un petit article sur ton parcours en tant qu’architecte mais aussi sur toute les opportunités qui se sont présentées à toi du moment où tu as voulu consacré du temps à ton blog.

    Bisous Bisous

  11. Un texte magnifique qui me met les larmes aux yeux de si bon matin, je te suis sur instagram depuis longtemps mais j’avoue que je n’avais pas encore pris le temps de te lire, quel erreur ! Tu as une très belle plume qui sait vraiment mettre des sentiments sur des mots. Mon meilleur ami est gay et à mit 20 ans à me l’avouer… et en te lisant je comprend encore mieux pourquoi il a eu si peur… Tant d’incompréhension et de méchanceté… en tout cas je suis sur que c’est grâce à des gens comme que des dizaines de jeune pourront se sentir fière et accepter, et que cette société faussement modèle va enfin ouvrir les yeux ! Quoi qu’il en soit merci ! Et douce journée ! 🙂

  12. Comme toujours tu trouves les bons mots pour parler des maux. J’espère qu’un jour ma fierté sera plus forte que ma honte et que j’arriverais à le dire à certaines personnes de mon entourage qui ne s’en doute même pas une seconde.

  13. Nice words, Romain.
    It is really inspiring. It’s sad that still there are people who don’t believe we are able to love someone. That believe it’s just a phase, a choice.

    But we are here, fighting against homophobia, prejudice, intolerance, ignorance. With courage and pride to be who we are.

    I loved the movie you recommend.

    Thanks!

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