
Les 12, 13 et 14 octobre auront lieu en France et partout dans le monde, les Journées Particulières du groupe LVMH. Créées en 2011, ces journées ont pour but de mettre en exergue les savoir-faire des différentes maisons du groupe. A cette occasion, 77 lieux seront ouverts et accessibles librement au grand public. En prévision de cet événement, j’ai pu découvrir en avant première, avec un petit groupe de journalistes, deux maisons italiennes chargées d’histoire : BVLGARI, une maison de haute joaillerie et FENDI, une luxueuse maison de couture. Deux maisons que vous pourrez vous aussi découvrir si vous passez par Rome mi octobre. Pour ceux qui n’en n’auront pas l’occasion, je partage avec vous les coulisses si secrètes de ces prestigieuses maisons.
BVLGARI : les ateliers _
Après avoir quitté le centre de Rome, nous arrivons tout d’abord sur un parking aux allures de zones industrielles. On nous indique un bâtiment un peu banal mais ne vous y trompez pas : derrière des murs qui paraissent anodins, tout un petit monde s’affaire à la création de pièces de hautes joailleries, magiques et féériques. Nous voilà arrivés au cœur de la maison BVLGARI : ses ateliers. C’est ici qu’on dessine, façonne, assemble les plus beaux bijoux qui se retrouveront en boutiques ou aux cous des plus élégantes.
Lors des Journées Particulières, il sera évidemment impossible de découvrir ce lieu, sécurité oblige, mais certains savoir-faire seront amenés dans la boutique de la Via Dei Condotti, au numéro 10, afin de montrer la richesse et la minutie du travail que l’on réalise au sein des ateliers.
Dans une première salle, on prépare l’or pour qu’il soit ensuite façonné. La maison en utilise de trois types (le blanc, le rose, le jaune), mais jamais de façon pure. En effet, l’or, s’il n’est pas mélangé à un autre métal, se déforme et se plie facilement.
Dans un autre atelier, on réalise les pièces reproduites plusieurs fois. Le processus est assez simple : on crée un « arbre » de plastique avec toutes les pièces qui seront transformées en métal précieux. L’arbre de plastique que l’on obtient est ensuite plongé dans de la wax qui sera durcie. On place alors le cylindre obtenu dans un four afin de faire fondre le plastique. Après la cuisson, il ne reste que le moule où l’on fait alors couler l’or. Une fois ce dernier solidifié, « l’arbre de plastique » devient « un arbre d’or » qui se compose de différentes pièces qui pourront être utilisées sur plusieurs moutures.
Situé en face, un autre atelier a un rôle bien précis. C’est ici qu’on crée des moules autour des pierres afin de réaliser les attaches qui viendront maintenir ces dernières sur les montures. Chaque pierre étant unique, c’est un travail qui se fait au cas par cas. Seulement trois personnes travaillent dans cet espace, ce sont les seuls de l’atelier à monter les pierres sur les montures.
Dans les autres ateliers, on travaille sur le polissage, l’assemblage, le montage, mais à part quelques photos, je ne pourrai pas vous en dire ou montrer plus : tout comme le magicien qui ne révèle pas son tour, la maison garde elle aussi, une grande part de mystère.
BVLGARI : le siège_
De retour dans le centre de Rome, nous nous arrêtons au siège de la maison. Encore une fois l’endroit est ultra sécurisé et pour cause, on garde ici des pierres et des pièces très précieuses.
On nous explique que la maison BVLGARI est l’une des premières maisons à mélanger sur une même pièce des pierres de tailles ou de couleurs différentes. L’identité de la maison, c’est justement des bijoux aux couleurs marquées, riches, brillantes, vivantes : chaque pierre doit provoquer une émotion.
BVLGARI : la boutique_
Entrer dans cette boutique, c’est faire un bond dans le temps. On se replonge immédiatement dans l’ambiance des années 30. Au départ, en 1934, la boutique n’est constituée que d’une pièce. Ensuite évidemment, elle s’étend : la boutique se compose de deux palais, le palazzo Maruscelli Lepri et le Palazzo Boffil qui ont été réunis.
En 2014, la boutique est rénovée par le célèbre architecte Peter Marino avec toujours la même volonté : sauvegarder le plus possible le patrimoine datant des années 30.
Une des salles de la boutique est particulière car c’est la seule pièce qui peut être entièrement isolée et où l’on peut entrer et sortir discrètement grâce à ses trois accès. C’était un salon primordial à la « grande époque » car c’est là que l’on recevait les stars qui venaient acheter des parures. Car oui, à l’époque, les vedettes achetaient encore leurs bijoux, il fallait donc leur assurer la plus grande discrétion. Aujourd’hui, ce petit salon est appelé le salon Elizabeth Taylor, en hommage à l’actrice qui fut l’une des plus grandes égéries de la maison mais il est rarement fermé : les stars se font aujourd’hui prêter les pièces.
La salle la plus grande de la boutique est restée entièrement dans son état : tout est d’époque. Pendant longtemps, l’endroit était aménagé différemment : de grandes étagères sur lesquelles étaient conservées des pièces d’argent occupées tout l’espace. La famille Bulgari était en effet grande amatrice de jolis objets de ce métal précieux qu’elle achetait, échangeait, faisait faire.
La marque BVLGARI intègre le groupe LVMH en 2011. Lors des Journées Particulières, il sera possible de visiter cette boutique historique située au Via dei Condotti, 10 ainsi que le nouveau « magasin de curiosité » situé juste à côté, au numéro 11. Une boutique où le visiteur est en immersion totale dans le monde de la maison. L’espace y est divisé en deux, dans le sens de la longueur afin d’illustrer symboliquement les valeurs traditionnelles de BVLGARI et son désir de se tourner vers l’avenir.
FENDI : La boutique _
L’après-midi de cette journée romaine est dédié à la découverte de la maison FENDI. Nous nous arrêtons tout d’abord dans le Palazzo FENDI, la plus grande boutique de la marque. Lors des Journées Particulières LVMH il sera évidemment possible d’entrer dans cette boutique mais il sera également possible de visiter l’atelier de confection qui se trouve à l’étage.
Cette boutique est un hommage à Rome : elle reprend ses codes avec des matériaux qui représentent l’eau et les fontaines et des matériaux qui sont très présents dans la ville comme le marbre. L’un des murs est un rappel du siège de la maison, le Palazzo della Civiltà Italiana : c’est un bas relief représentant les arches si régulières de l’édifice.
FENDI : Le siège _
Le siège de FENDI, le Palazzo della Civiltà Italiana est un bâtiment emblématique de l’architecture fasciste, construit à la fin des années 30.
Le projet, imaginé par les architectes Guerrini, La Padula et Romano, s’inspire de l’art métaphysique. Il fut bâti en vue de l’Exposition Universelle de Rome prévue en 1942 afin de célébrer le vingtième anniversaire de la Marche sur Rome des fascistes de Benito Mussolini (en 1922) mais la seconde guerre mondiale annulera l’événement. Dès lors, l’édifice, l’un des plus importants du quartier, restera fermé au public jusqu’à son rachat par la marque FENDI.
Le bâtiment se développe sur six niveaux, chacun composé de neuf arches. Un rapprochement fait avec le nombre de lettre dans le nom de Mussolini a souvent été fait mais n’a jamais été prouvé : six lettres dans son prénom (Benito), neuf lettres dans son nom de famille (Mussolini). Au rez de chaussée, sous les 36 arches on retrouve 28 statues de marbres réalisées en 1942. Elles mesurent chacune 3,40m de haut et représentent toutes une vertu ou un domaine des arts et des sciences. Des valeurs et des thèmes dans lesquelles se retrouve évidemment la maison FENDI. On prend également conscience de ce rapport à l’art et aux sciences sur le fronton du bâtiment avec une citation tirée d’un discours du dictateur italien datant de 1935 : « Un popolo di poeti, di artisti, di eroi, di santi, di pensatori, di scienziati, di navigatori, di trasmigratori », ce qui signifie « un peuple de poètes, d’artistes, de héros, de saints, de penseurs, de scientifiques, de navigateurs, de migrants ».
C’est en 2015, que FENDI décide d’y installer ses bureaux, son siège social et ses ateliers. Pour cette maison qui est née à Rome 90 ans plus tôt, le lieu abandonné depuis plus de quarante ans est un défi de restauration un peu fantasque, à l’image de la marque qui aime prendre des défis et surprendre. La restauration de l’édifice a duré trois ans et demi et a coûté 30 millions d’euros. Mais le résultat est là : le bâtiment mêle classicisme, modernité, artisanat italien, et contemporanéité. Un lieu qui correspond définitivement bien à la maison appartenant au groupe LVMH depuis 2001.
Infos pratiques à retrouver sur le site : Les Journées Particulières https://www.lvmh.fr/lesjourneesparticulieres